Les villages de Normandie
Zoom sur le pays de Caux et la côte d’Albâtre
De l’embouchure de la Seine aux galets de Dieppe, le pays de Caux collectionne les différents visages. Lors de votre séjour au Havre , laissez-vous surprendre par un patrimoine urbain unique, emprunt du poids de l’Histoire : bien que ravagée en 1944, la ville sût se relever pour devenir un musée d’architecture du XXe siècle à ciel ouvert.
Loin de l’agitation citadine, remontez le bord de mer de la côte d’Albâtre, l’une des côtes les plus proches de Paris. Ses palettes aux nuances infinies ont séduit les peintres amoureux de grands espaces, comme les impressionnistes Monet, Corot, Delacroix... Les doux bocages du pays de Caux se sont laissés raconter, rugueux et austères, par Maupassant et paisibles par le rouennais Gustave Flaubert, dans les cheminements de Madame Bovary. Vassonville, Auffay… retrouvez les plus beaux villages de caractères du pays-de-Caux en randonnée sur les traces de Flaubert.
Visiter Etretat et ses falaises
La côte d’Albâtre est avant tout une côte de falaises crayeuses spectaculaires : leur blancheur qui jaillit d’une mer vert-d’eau et d’un ciel tantôt gris, tantôt bleu, est à l’origine du nom donné à ce bout de côte normande. Pour visiter Etretat et ses falaises, vous pourrez choisir entre une petite balade tranquille, ou une grande randonnée pour prendre un grand bol d’air.
Dans tous les cas, passez par le village d’Etretat, qui est probablement l’un des plus beaux villages de la côte normande. L’ancien village de pêcheur fut le port d’attache des petite caïques, les embarcations typiques du pays de Caux. La légende veut qu’elles furent inspirées des embarcations vikings, légères et agiles sur l’eau, bien pensées pour la pêche au hareng et au maquereau. Une fois devenues trop vieilles, elles étaient transformées en cabane pour stocker le matériel de pêche ou encore loger le personnel de la maison. Avec un toit de chaume, ou retournant simplement la coque, elle devenait alors une caloge : vous pourrez en voir une authentique à La Guillette, la maison de Guy de Maupassant, au 57 rue de Guy de Maupassant à Etretat.
Dès le XIXe siècle et l’arrivée du train sur les côtes normandes, la plage d’Etretat et les falaises séduirent les visiteurs. Les élégantes maisons de la Belle Epoque s’installèrent, pour accueillir le Tout Paris : Offenbach, Maurice Leblanc… on a vu du beau monde se promener sur la plage d’Etretat !
La plage de galets est encadrée des fameuses falaises d’Etretat : empruntez le sentier du bord de mer pour admirer les coups d’œil spectaculaire sur l’Aiguille, la Courtine, la Manneporte… Elles plongent et se fondent littéralement dans la mer : en craie, elles gardent un côté éphémères et restent menacées d’érosion. C’est un site à préserver, ne sortez pas des sentiers balisés et évitez les horaires d’affluence. Nous, on préfère admirer la chapelle Notre-Dame-de-la-Garde soit au petit matin, soit au couchant. Les lumières sont incroyables !
Les falaises d’Etretat et la Côte d’Albâtre ne sont qu’à 2h30 de la Capitale, une destination idéale pour un week-end à moins de trois heures de Paris !
La plage de Veules-les-Roses, le plus beaux village de Normandie en bord de mer
Entre Saint-Valéry-en-Caux et Dieppe, le village de Veules-les-Roses est l’un de ces villages de Normandie au charme incontestable. C’est là que prend naissance le plus petit fleuve de France, la Veules, qui vient se jeter dans la mer à seulement 1,15 km de sa source. Tout au long de son chemin, la Veules est bordée de jolies maisons de briques rouges, aux colombages ornés de rosiers grimpants et de moulins à roues de bois. Victor Hugo lui-même tomba amoureux du village. Vous pourrez suivre le fil de l’eau de la source à la mer en 1h30 environ.
En suivant le chemin de la Veules, on croise les bonnes adresses. Vous pourrez y déguster les deux spécialités locales : le verdoyant cresson que l’on mange sous toutes ses formes – velouté, smoothie, en salade, cuit ou cru… -, et l’huître de Veules, une huître élevée en pleine mer, sur l’estran, là où s’acharnent les marées les plus importantes d’Europe.
Les huîtres de Veules ne sont peut-être jamais aussi délicieuses que dégustées en toute simplicité, sur le pouce, avec un filet de jus de citron ou de vinaigre à l’échalotte, sur la plage de Veules-les-Roses face à l’immensité de la mer. Romantique et tourmenté l’hiver, joyeux et familial en été, le front de mer semble tout droit sorti du XIXe siècle. Sable ou galet, vous aurez le choix, mais pour la baignade, la marée et la météo décideront peut-être pour vous… à défaut d’un bon bain, la pêche à pied est un vrai plaisir pour les enfants comme pour les parents.
Dans le Cotentin, visiter Barfleur
Cap à l’Ouest ! Autre perle de Normandie, la verte péninsule du Cotentin d’élance à l’assaut de la Manche… Côtes irlandaises, côtes écossaises… la Grande-Bretagne n’est finalement pas si loin. Pointe de la Hague, nez de Jobourg, port de Goury… il vous faut grimper jusqu’au Nord pour saisir toute la force de la Nature. Le raz Blanchard commence ici, il est l’un des courants de marée les plus puissants et le plus dangereux d’Europe, mieux vaut l’admirer de la terre ferme.
Le beau petit village d’Auderville a l’air bien paisible, au cœur de cette nature sauvage. Les maisons bien serrées les unes contre les autres pour mieux lutter contre les éléments sont construites en moellons de grès et de granite, des plus solides. Non loin, on retrouve les fortifications et batteries allemandes datant de la Seconde guerre mondiale : dans tout le Cotentin, le paysage reste fortement marqué de la présence allemande, passage majeur du Mur de l’Atlantique. Il fut une vaste zone de combats, notamment lors de la bataille de Normandie, du débarquement de Utah Beach, de la bataille des haies, avec de lourdes pertes pour les populations. Le patrimoine bâti a également souffert et de nombreuses villes et villages furent détruits.
Sous la pointe Nord-Est, le port de Barfleur est probablement l’un des sites les plus préservés. Le petit village, ses maisons de granite bien alignées, ses bateaux colorées est classé comme l’un des plus beaux villages de France. Il est petit, mais son importance dans l’histoire est majeure ! Il fut port viking jusqu’au Moyen Âge, puis une place militaire stratégique lors de la conquête de l’Angleterre pas les Normands. Il fut le port d’attache des Ducs de Normandie et rois d’Angleterre, avant d’être ravagé par Edouard III, roi d’Angleterre, en 1346. En 1692, la bataille de Barfleur fut l’une des plus violentes des batailles entre le royaume de France et le royaume d’Angleterre. Beaucoup plus tard, à l’issue du débarquement de Normandie, Barfleur sera libérée des Allemands le 21 juin 1944, devenant un port de ravitaillement des troupes alliées.
Le village paraît aujourd’hui bien apaisé, mais visiter barfleur vous laissera deviner quelques pans de son histoire. Admirez l’église Saint-Nicolas et les petites maisons de pêcheur de la Cour Sainte-Catherine. Et en cherchant bien dans l’un des coins du port, vous trouverez peut-être les graffitis de quelque GI américain, gravés dans la pierre. Tout au long de votre promenade, levez le nez : admirez le raffinement des faitages artisanaux, le luxe local, stylé et discret, entre tuiles et épis, abouts et dentelles... Chaque artisan a pu y laisser sa patte. Rue Saint-Nicolas, observez aussi le jeu des lucarnes et des crochets de levage des maisons des pêcheurs.
Incontournable, le jardin de Claude Monet à Giverny
Si les villages de Normandie en bord de mer ont séduit les peintres et le Tout Paris, Monet a préféré s’installer à Giverny, dans le calme de la Normandie intérieure et de ses doux paysages. Dès 1883, il fit de la jolie maison normande une véritable peinture grandeur Nature. L’Impressionniste travaillait ses jardins comme il travaillaient ses couleurs, par touches tantôt douces, tantôt flamboyantes, pour donner un effet saisissant de contrastes et de textures.
Du Clos normand au Jardin d’eau, chaque coup d’œil devient un tableau vivant. Tout l’art du jardin de Monet à Giverny est aujourd’hui parfaitement préservé par le travail des jardiniers de la Fondation : Promenez-vous dans les jardins ou dans la maison, vous aurez la sensation de parcourir les œuvres de l’artiste : on n’en croit pas ses yeux !
A savoir : Les jardins changent au fil des saisons, au grès des lumières et des floraisons. L’idéal est donc d’y retourner souvent, mais vous pourrez aussi choisir vos moments préférés en fonction du calendrier des saisons établi par la Fondation Monet.
Passez par la boutique, elle a pris place dans l’atelier de Monnet, sous la grande verrière où l’artiste travaillait ses œuvres les plus larges.
Informations pratiques : Les jardins et la maison de Monet sont ouverts au plus beau de leur floraison du 1er avril au 1er novembre. La période hivernale permet aux équipes de jardinier de mieux préparer la saison suivante. Etant donné l’affluence, il est vivement recommandé de réserver et d’acheter ses billets à l’avance. On vient du monde entier pour visiter Giverny, ses jardins, la maison de Monet, mais aussi le musée des impressionnismes. Comptez de 6 à 12 € l’entrée pour la maison et les jardins.